Je voudrais vous parler aujourd’hui de la joie du carême. Non pas une joie superficielle, qui serait de l’ordre d’une excitation, mais une joie profonde, intérieure : celle de savoir que le Seigneur est à l’œuvre, qu’il travaille avec nous au renouvellement de notre vie intérieure. Oui, « c’est maintenant le temps favorable. C’est aujourd’hui le temps du salut ». Parce que Dieu veut qu’il en soit ainsi pour notre bien-être.
Comment pourrions-nous réduire ce temps magnifique à une « corvée » : celle qui consiste à faire des efforts, des sacrifices. Alors qu’il s’agit de vie, de plus de vie, en nous libérant de nos mauvaises servitudes. Nous avons sans doute trop souvent comblé nos désirs, trompé nos attentes, désaltéré nos soifs au moyen de quelques plaisirs faciles, de quelques bonheurs éphémères : ceux que nous offre la société de consommation. Et voilà que le carême nous invite à dégager de l’espace et du temps pour prendre soin de notre vie intérieure, pour entendre et satisfaire les demandes de notre « cœur profond », cet espace qui est le lieu de Dieu en nous. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu »
Quelle belle période ! Belle par les textes de la Parole de Dieu que nous offre la liturgie quotidienne ! Des paroles fortes, pressantes, touchantes, pour décoller d’un quotidien trop au « ras des pâquerettes » ! Cinq semaines non pas pour avoir des faces de carême, mais pour laisser nos visages devenus ternes et gris comme la cendre, retrouver la luminosité qu’apporte la joie de l’Evangile. Car lorsque la Parole de Dieu fait en nous son œuvre de guérison, la joie est libérée au fond de nos cœurs, elle rayonne sur nos visages. Et ceux qui nous croisent ne s’y trompent pas. Ils nous trouvent en forme. Ils sont touchés par notre bonne humeur. Quand nous ouvrons de nouveaux espaces à la présence de l’Esprit Saint, cela nous rend lumineux.
Alors bien sûr que nous allons faire des efforts. Mais ce sera pour nous pas tant une pénitence qu’un merveilleux travail de libération.
Mettons-nous à l’écoute du Seigneur, de la soif qu’il a de nous désaltérer: « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi ! De mon sein couleront des fleuves d’eau vive.» Temps du carême, temps du désir : le désir du Christ de nous faire renaître. Et aussi notre désir de revivre avec le Christ. Voulons-nous vraiment entrer dans une vie nouvelle avec le Seigneur ressuscité ? Alors approchons-nous de lui. Quarante jours nous sont donnés pour travailler à notre renaissance. Entrons dans des démarches de conversion : Nos efforts seront bénis par le Seigneur puisqu’il rêve pour nous de salut. A partir du peu que nous ferons, lui-même va agir en nous plus que nous-mêmes. Car il est le Dieu généreux en grâces et en bénédictions. Alors bonne et belle marche vers la renaissance pascale.
B.C.