La fête de la Toussaint

C’est la contemplation de la foule immense de tous ceux qui sont parvenus à la gloire du ciel, nos ainés dans la foi. Ils ont trouvé grâce aux yeux du Seigneur par leur fidélité au Christ. Leur vie a porté du fruit. Et le Seigneur les a reconnus comme de bons serviteurs de l’Evangile, de bons intendants de la grâce qui leur a été offerte au jour de leur baptême.

Cette fête est joyeuse et lumineuse. Elle annonce le ciel. Elle dit l’avenir glorieux dans le Christ Jésus, non seulement des fidèles chrétiens mais aussi de tous ceux qui auront vécu avec justice et droiture, qui auront vécu en faisant le bien. Y croyons-nous vraiment ?

Peut-être que, conscients de nos faiblesses, nous pensons la sainteté hors de notre portée, hors de notre atteinte. Comme si la sainteté, c’était la perfection. Or être saints, ce n’est pas être parfaits, ce n’est pas être sans péché. Fort heureusement d’ailleurs, puisqu’une telle perfection n’existe pas sur cette terre ! Non, la sainteté, c’est la capacité à faire confiance au Seigneur, à s’abandonner entre ses mains, à le laisser, Lui, nous entraîner à sa suite sur les chemins de l’Evangile. La sainteté, c’est d’aimer Jésus au point d’incarner dans nos vies son esprit de service et d’être, à son image, des serviteurs de Dieu par la louange de son Nom et des serviteurs de nos frères par nos engagements de solidarité, d’accueil, d’écoute, de partage.

Cette sainteté-là est à notre portée. Elle transforme peu à peu le visage et la vie de ceux qui s’y engagent, le plus souvent à leur insu. Ils deviennent de plus en plus transparents à la lumière et à la joie de l’Evangile qui éclaire leur propre vie. Mais cela, ce sont les autres qui le voient et en témoignent. Eux-mêmes restent plutôt conscients de l’opacité qui les habite encore. Et ils parlent d’avantage de leur pauvreté que de leur sainteté. Les autres pourtant le reconnaissent : cet homme, cette femme, c’est un saint, c’est une sainte. Pas forcément un être d’exception. Mais quelqu’un qui a mis sa vie en cohérence avec sa foi, en un mot : quelqu’un qui est authentique.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a désiré ardemment être une sainte. Elle a voulu le devenir par ses efforts. Elle a fait l’expérience de son échec à « se faire sainte ». Elle a reconnu, sa pauvreté, accepté sa faiblesse. Et en jouant la carte de la miséricorde du Seigneur, elle s’est abandonné à son amour et à sa grâce. Elle a laissé le Seigneur la conduire et l’Esprit Saint pétrir sa vie au le vain de l’Evangile. Elle s’est contentée de vivre le quotidien avec le seul désir de tout faire par amour du Seigneur. Et le Seigneur a fait de sa servante une sainte. L’église a appelé ce chemin de sainteté « la petite voie », parce que c’est une voie à la portée de tous, à la portée non pas des sages et des savants mais des tout-petits, de ceux qui, au contact de l’amour de Dieu, gardent ou retrouvent un cœur d’enfant.

Le Seigneur cherche des saints qui le fassent connaître. L’Église cherche des saints pour faire rayonner la joie de l’Evangile. Ce peut être toi, ce peut être moi. Ce peut être chacun de nous. Il suffit d’y croire. Mais avons-nous assez de foi, cette foi à transporter les montagnes ?… Les montagnes de découragement, de lassitude, de doute qui pèsent sur notre vie intérieure ?

B.C.