Faire un bon carême : voilà ce dont je vais vous parler ce matin. En posant ce qui me semble être la question de fond : Ce carême, je le fais pour qui ? Pour moi, ou pour le Seigneur ? Pour le Seigneur, bien sûr, suis-je tenté de répondre. Mais peut-être est-ce répondre un peu vite. Peut-être faut-il regarder de plus près ma démarche et mieux discerner ce qui me fait agir.
En effet, je peux faire un carême tout à fait centré sur moi. Je pars de moi-même, de mes idées. Je me fais un petit plan d’action à ma mesure. Quelque chose qui me paraît bien. Et je me lance en espérant tenir le programme, pour arriver à Pâques pas trop mécontent de moi ou, pourquoi pas, tout simplement satisfait. Je penserai alors : «J’ai bien fait mon carême.» Je dis bien « Mon carême » Mais le Seigneur dans tout cela ? Ou est-il ? Quelle est sa part ? Comment a-t-il voix au chapitre ?
Il y a peut-être une autre façon de faire carême, plus sérieuse, et plus performante, cette fois non pas à partir de nous-mêmes, mais du Seigneur. Le point de départ de ce carême-là va être l’écoute. Se mettre d’abord à l’écoute du Seigneur, de sa parole, de sa volonté ? Laisser le Seigneur nous parler au cœur, dans le silence de la prière, par les Ecritures, à travers des lectures ou des rencontres. Permettre au Seigneur de nous dire, lui, ce qu’il en pense ; ce qu’il souhaite pour nous ; là où il aimerait nous conduire. Car lui sait mieux que nous, ce dont nous avons besoin pour grandir dans notre vie de chrétien.
En fait, ce que je dois choisir en premier, et décider avant tout, c’est de me décentrer de moi-même pour me centrer sur Jésus en disant comme le jeune Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Et pour faire un bon carême, de laisser peut être de côté les plans que j’ai échafaudé de moi à moi pour revenir au Seigneur de tout mon cœur et m’abandonner à lui, à sa grâce. « Celui qui veut être mon disciple, qu’il me suive… »
Seigneur, c’est si facile de se faire un petit carême sympa. Qui puisse nous donner bonne conscience. Alors que toi, tu rêves de nous ouvrir de nouveaux horizons de vie spirituelle, de vie fraternelle, de générosité, de miséricorde et de pardon…
Nous voulons aérer un peu nos vies, dépoussiérer légèrement notre intérieur. Et toi, Seigneur, tu nous parles de sortir de nous-mêmes, d’aller ailleurs, d’avancer en eau profonde avec toi ou d’atteindre de nouveaux sommets. Donne-nous alors la seule chose qui peut nous faire défaut : nous attacher à toi d’une façon nouvelle, dans une relation renouvelée. Car tu ne peux ni tromper, ni décevoir celui qui te suis avec confiance.
B.C.